Tickets de rationnement et restriction

Vous êtes relativement nombreuses et nombreux à vous intéresser aux restrictions et au rationnement, à la cuisine d'époque et aux habitudes alimentaires.

Il est important de noter que les faussaires, les grands réseaux ou les petits ont refait des faux tickets. Pour une fois on va se demander pourquoi et on va vous donner quelques chiffres.

 


Des débuts difficiles

Au commencement, il y avait les femmes au foyer et les hommes aux champs. Et puis la guerre, les hommes deviennent soldats et les femmes deviennent agricultrices. Mais en février 1940, Paul Reynaud, Ministre des Finances à l'époque, annonce un rationnement envisagé.
Il aura fallu un mois pour mettre en place un décret et commencer le recensement des familles en Mairie. 
Lors de la capitulation, les termes de cette dernière donne les conditions de ravitaillement des troupes du vainqueur par le vaincu.

Garde-manger du Reich

La France est un pays de production viticole et agricole important. C'est entre 15 et 20 % de la production qui sera destiné au Reich. Au fil de l'évolution de la guerre, ce pourcentage ne va cesser d'évoluer à la hausse jusqu'à la fin de celle-ci.

Entre juin 1940 et juin 1944, cela représente 

  • 2 845 000 tonnes de blé
  • 845 000 tonnes de viandes
  • 711 000 tonnes de pommes de terre
  • 220 millions d’oeufs


Evolution du rationnement

Aout 1940 : pain et sucre

Octobre 1940 : le beurre et le lait

Novembre 1940 : pommes de terre

Janvier 1941 : le charbon

Juin 1941: les vêtements et les chaussures, Fin juillet 1941 : le chocolat, le poisson, le tabac, le café, le fromage, le beurre, l'huile, la graisse végétale, le savon, alcool à brûler, le charbon.

Automne 1941 : les pommes de terre,

le lait, le vin, le chocolat, le poisson, la charcuterie et le tabac.
Par la suite sera rationné riz, pâtes, etc.

1940 - pain 350 gr par jour
1941 - pain 275 gr par jour

- viande 350 gr par mois
1943 : viande 250 gr par mois


Rations journalières individuelles moyenne :

  • 250 grammes de pain, 
  • 25 grammes de viande, 
  • 17 grammes de sucre, 
  • 8 grammes de matière grasse et 
  • 6 grammes de fromage. 

Il est à noter qu'en 1943-1944, faute de farine et de combustible, la fabrication du pain devient impossible. La carte ne servira donc à personne.



Classifier la population pour rationner

L'arrêtée du 20 octobre 1940 classe les différents type de population recensées comme suit :

Catégorie E : Enfants des deux sexes âges de moins de trois ans.

Catégorie J1 : Enfants des deux sexes âges de trois a 6 ans révolus.

Catégorie J2 : Enfants des deux sexes âges de 6 a 12 ans révolus.

Catégorie A : Consommateurs de 12 a 70 ans ne se livrant pas à des travaux de force.

Catégorie T : Consommateurs de 14 à 70 ans se livrant a des travaux pénibles nécessitant une grande dépense de force musculaire.
On retrouvera ces lettres sur les cartes de rationnement distribuées par les Mairies.


La réglementation va évoluer au cours de la guerre. De nouvelles catégories vont petit apparaitre afin de subvenir aux besoins.
Catégorie C : Consommateurs de 12 ans et sans limite d’âge se livrant personnellement aux travaux agricoles.
Catégorie V : Consommateurs de plus de 70 ans dont les occupations ne peuvent autoriser un classement en catégorie C.
Catégorie J3 : les jeunes de 13 a 21 ans ainsi que les femmes enceintes.


Quels conséquences sur les français ?

Pour beaucoup, l'exode vers les familles dans les campagnes. Pour d'autres, la débrouillardise et le marché noir dans les villes. Le tout avec un fond d'inflation des prix de toutes les denrées alimentaires.
Ceux pensant être à l'abris dans les campagnes vont déchanté lorsque la pénurie touchera le carburant, le charbon voir même les pièces de rechanges pour les machines agricoles. Personne n'échappera à cela.
Et encore moins les bêtes. Les troupeaux des fermes diminuent de par les réquisitions de l'occupant, mais également par la baisse de la natalité des bêtes, suite aux restrictions alimentaires.

À ces disparitions d'aliment, l'ingéniosité se développe, les produits de substitution apparaissent, tel le saindoux, qui est de la graisse de porc. Pour remplacer le sucre, on utilise le sucre naturel des fruits (pomme, date, raisin...). Pour tous ces astuces, ouvrages et journaux multiplient les recettes magiques pour rendre les plats plus consistant avec moins d'apport nutritionnel.


Fin de guerre mais pas fin du calvaire

L'arrivée des Alliés sur le sol français, avec chewing gum et chocolat ne signifie pas la fin des restrictions. Il faudra attendre la signature du plan Marshall le 20 septembre 1947 (réels impact à partir de 1948) pour voir s'améliorer les conditions de vie des Français.
Le 1er février 1949 disparait les tickets de pain. Puis le 1er décembre 1949 disparaissent les derniers tickets de rationnement, sur le sucre, l'essence et le café ; le gouvernement de la IVe République supprime par ailleurs le haut-commissariat au ravitaillement.

 

Quant au ravitaillement, le retour à la normal des productions et des échanges commerciaux devra attendre 1952.

Les Français auront donc vécu 9 ans dans la restriction avant d'entrer dans l'air de la société de consommation. L'apparition des supermarchés, l'obsolescence programmée, la surproduction... Et aujourd'hui l'idée de revenir à des bases plus simple, avec l'apparition du terme "décroissance".


En savoir plus

  • Raymond GRANIER, Histoire du rationnement de la dernière guerre, Edition.Scriba, 1983.
  • Eric ALARY, Les Français au quotidien, 1939-1945, Edition Perrin, 2006.
  • Jean-Louis BESSON, Paris Rutabagas, souvenirs d’enfance 1939-1945, Edition Fayard, 1995
  • Nice historique, organe officiel de l’academia nissarda, les années de guerre 1939-1945, avril-juin 2004.
  • Henri AMOUROUX, La vie des Français sous l’Occupation, Edition Fayard, 1961.